Si l’étude des « domesticités » ne constitue pas un champ de recherche construit, ordonné et institutionnalisé, ce terme permet de fédérer des travaux souvent empiriques aux ancrages disciplinaires différents, dont le point commun est d’interroger les rapports de domination dans des espaces conventionnellement considérés comme privés. De l’histoire des domestiques à la représentation des rapports de domesticité dans l’art ou la littérature, de la division sexuelle du travail domestique à la sociologie des nouvelles formes de domesticités, les corpus, les méthodes et les outils sont multiples. Toutefois, ces recherches convergent pour s’inscrire dans une perspective convoquant le genre comme catégorie critique et réexaminant la frontière établie entre sphère publique et sphère privée, soupçonnée de dissimuler des relations de pouvoir complexes.
Centrée sur des personnes socialement marginalisées (enfants, femmes, migrant.e.s, classes populaires), l’étude des domesticités souffre d’un manque de légitimité académique qui constitue en soi un objet d’analyse. Néanmoins, à la faveur du développement des études de genre et des études postcoloniales, à l’observation de certains phénomènes sociaux tels que l’externalisation croissante du travail domestique ou les migrations économiques liées au travail du care, les domesticités suscitent une attention nouvelle que traduit le nombre croissant de travaux qui y sont consacrés.
C’est dans ce contexte que nous avons créé un groupe de recherche, avec le double objectif de constituer un réseau de recherche et mettre en oeuvre des collaborations susceptibles de renforcer la visibilité de ce champ et de contribuer ce faisant à sa pérennisation.